Manuel Valls fait un geste envers les intermittents ReutersReuters – le 19 juin 2014 PARIS (Reuters) - Manuel Valls a annoncé jeudi que le gouvernement entérinerait la nouvelle convention d'assurance-chômage conclue par les partenaires sociaux mais prendrait à sa charge le délai de carence pour l'indemnisation des intermittents du spectacle, dont le mouvement de grève menace les festivals d'été. "Cette convention (...) doit être agréée et sera agréée par le gouvernement", a déclaré le Premier ministre après avoir reçu le rapport qu'il avait demandé au député socialiste Jean-Patrick Gille pour sortir de l'impasse sur ce dossier. S'agissant du délai de carence prévu pour les intermittents dans l'accord du 22 mars, il a précisé que le gouvernement prendrait à sa charge ce "différé d'indemnisation". "Les intermittents concernés ne verront pas de changement de leur situation par rapport à la situation actuelle", a dit Manuel Valls, qui a précisé aller ainsi plus loin que ce que suggérait Jean-Patrick Gille. Le Premier ministre a estimé que le coût de ce dispositif transitoire ne poserait pas de problème aux finances de l'Etat : "En année pleine, c'est 90 millions d'euros et nous ne sommes pas en année pleine", a-t-il dit à la presse. Un groupe de trois experts a été nommé pour formuler d'ici la fin de l'année des propositions pour une remise à plat du système qui, a ajouté Manuel Valls, fait l'objet d'abus. La nouvelle convention Unedic, fruit d'un accord conclu le 22 mars par les partenaires sociaux, plafonne le cumul revenus d'activités-indemnités des intermittents à 175% du plafond de la Sécurité sociale, soit 5.475,75 euros bruts par mois. Elle introduit un délai de carence pour leur prise en charge par l'assurance chômage et augmente le taux global de leurs cotisations et de celles de leurs employeurs de 10,8% à 12,8%. "MESURETTES" Les représentants des intermittents, qui demandaient au gouvernement de ne pas agréer la nouvelle convention, ont estimé après les annonces de Manuel Valls que le compte n'y était pas. Un représentant du journal des intermittents présent lors de la conférence de presse a interpellé le Premier ministre en jugeant que l'avancée obtenue ne répondait pas aux attentes. "Ce qui nous permettait de reprendre le travail, nous ne l'avons pas", a-t-il dit. Denis Gravouil, secrétaire fédéral de la CGT Spectacles, a exprimé le même rejet, dénonçant des "mesurettes". "On n'a rien obtenu de concret. On nous a dit 'on va étudier le report' et là, on n'a rien eu", a-t-il déclaré sur BFM TV. "On a des mesurettes, on nous dit que le différé s'appliquera pas tout de suite et pour faire plaisir au Medef, on nous dit ce sera assumé par l'Etat. On nous a placés uniquement sur le terrain de la subvention de la culture." De son côté, le chef du gouvernement a assuré n'avoir pas cédé à quelque pression, alors que plusieurs manifestations ou spectacles ont déjà été annulés ou amputés à cause du mouvement. "Le problème n'est pas de céder, le débat ne peut pas se résumer à des postures", a dit Manuel Valls. "Il fallait trouver une solution", a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agissait de répondre à des exigences contradictoires, respect des accords signés par les partenaires sociaux d'un côté et recherche d'une "nouvelle donne" pour les intermittents. "Nous avons donné un signe pour répondre à cette attente, sans rien céder sur les principes, le respect du dialogue social", a dit le Premier ministre, qui avait en ouverture de son discours fait un long éloge de la culture. Avant que le député Jean-Patrick Gille ne rende son rapport, plusieurs dizaines de manifestants avaient protesté bruyamment devant l'hôtel Matignon. Ils ont ensuite été tenus à l'écart par d'importantes forces de police. (Gérard Bon, édité par Grégory Blachier)