Le multicamera

La méthode de captation multicamera est une solution technique pour produire rapidement un fil d’images vidéo d’un événement (spectacles, colloques, etc ...) à l’aide de plusieurs appareils de captation d’images (caméras) et commuté en temps réel à l’aide d’un pupitre de commande (régie). Le résultat peut être enregistré et/ou diffusé sur un réseau.

Matériels requis :

  1. Caméras : on utilise souvent des camescopes qui diffusent en temps réel l’image qu’ils captent via le connecteur de sortie analogique AV ou bien soit le connecteur digital DV ou HDMI. Il est en règle générale pas nécessaire de mettre un cassette ou de carte mémoire, mais l’appareil peut toutefois assurer en parallèle un enregistrement autonome qui peut être réintégré dans l’enregistrement final en post-production.
  2. Régie : on utilise un mélangeur doté de 2 TBC. En effet, les matériels grand public (camescopes) ne sont pas dotés de connecteur d’entrée qui permettent de recevoir un signal d’horloge qui permette de se synchroniser avec le mélangeur. Les signaux sont donc diffusés par les caméras à une cadence non synchronisé d’un appareil à l’autre. Il faut donc utiliser un Correcteur de Base de Temps (ou Time Base Corrector - TBC). Le TBC stocke dans sa mémoire l’équivalent d’une image vidéo qui est écrite à la cadence de la caméra et qui est relu à la cadence voulue par le mélangeur. La régie est doté de moniteurs de contrôle (téléviseurs dépourvus de tuner), à raison d’un par source à contrôler et d’un de contrôle d’image en sortie (Program). La régie doit être dotée de moyens de communication avec les personnes manipulant les caméras (cadreurs). Il faut donc disposer d’un équipement intercom.
  3. un enregistreur et/ou un matériel de diffusion : Il y a 20 ans les programmes étaient essentiellement enregistrés sur des magnétoscopes analogiques et quasiment jamais diffusé en dehors d’un occasionnel circuit fermé sur un grand écran. Le format d’enregistrement était essentiellement du VHS Pal ou Secam ou dans le meilleur des cas du S-VHS. Au début des années 2000 les enregistreurs analogiques se sont effacés au profit d’enregistreurs digitaux tels les magnétoscopes DV et les graveurs DVD de salon. Désormais, l’ordinateur a remplacé ces appareils en enregistrant directement dans la mémoire de son disque dur (Direct to Disk) ou sur des cartes mémoires. Notons que l’ordinateur de par son caractère universel permet aussi la diffusion du flux vidéo (streaming) via le réseau internet.
  4. En option, on peut ajouter des sources extérieures. Il s’agit soit d’un magnétoscope, un lecteur de vidéo disque ou bien encore d’un source informatique permettant l’insertion de titres et d’images fixes. La source informatique de par son caractère universel a supplanté le magnétoscope et le lecteur DVD.

Les matériels :

  • Mélangeurs : Au début des années 1990 Panasonic avait révolutionné le monde des mélangeurs en proposant des mélangeurs dotées d’un ou deux TBC a des prix très compétitifs. La bal avait été ouvert avec la WJ-MX10, suivi de la WJ-AVE5 dotée d’un double TBC pour un prix négociable en dessous de 10 000 Frs soit 1500 €. Panasonic a produit d’autres mélangeur dont la WJ-MX12, la WJ-MX50, la WJ-AVE3, la WJ-AVE7 et la WJ-AVE55. Chacune avait ses avantages et ses inconvénients. La WJ-AVE5 restant imbattable pour son rapport qualité prix. D’autres constructeurs se sont hasardés sur le marché comme Sony avec la XVD-1000 beaucoup plus chère. Vidéonics a produit quelques matériels dont la MX 1 au temps de commutation d’une seconde et la MX Pro DV dont les entrées digitales DV étaient en option et hors de prix. Tout ces mélangeurs ont gardé un certains attrait des vidéo jockey, le marché d’entré de gamme étant occupé par la console Sima SFX-11 qui reprend à l’identique les caractéristiques de la WJ-AVE5 pour 500$. Roland plus connu dans le monde de l’électro-accoustique a eu un certain succès avec l’Edirol V4. Ce dernier a bien fait bouger les lignes et le dernier mélangeur d’entrée de gamme à 4 sources mixtes analogique/digital VR-3EX est un petit bijou. C’est un produit très abouti pour un prix imbattable. Son seul inconvénient, une unité de traitement en SD (625 lignes) à l’heure où la HD est quasiment généralisée.
  • Matériels de prise de vue : Essentiellement composé de camescopes en mode caméra et sans cassette. Les camescopes des années 1990 n’ayant qu’un viseur sous la forme d’un oeilleton, il était indispensable d’y adjoindre un moniteur auprès du cadreur. Ce moniteur était en mode passant, c’est à dire sans sa charge 75 ohms, le signal transitait par le moniteur du cadreur avant d’aller rejoindre la régie. Depuis la totalité des camescopes sont dotés d’un écran latéral couleur, le moniteur n’est plus nécessaire. Le plus compliqué désormais est de trouver un camescope qui renvoie le signal sans le surcharger d’informations concernant le camescope (date-heure, index temporel, niveau batterie etc ...). On évitera les camescopes dotés de capteurs CCD au performances nettement inférieures au capteur C-MOS notamment dans les fortes variation d’intensité lumineuse à l’intérieur d’une image. Un ami a acheté d’occasion une caméra de studio au confort d’utilisation imbattable grâce au report des commandes sur le guidon. Bien que l’image rendue soit très bonne, son achat ne m’a pas convaincu. Cela me semble cher payé sur le nombre de fois où le matériel est de sortie.
  • Matériels d’enregistrement et de diffusion : En 2015, les magnétoscopes analogiques sont complètement obsolètes. Les magnétoscopes DV et les graveurs DVD de salon parce que digitaux restituent une très bonne image mais l’entrée DV (IEEE1394) n’est pas compatible avec les sorties HMDI de la plupart des mélangeurs. Roland s’est bien hasardé à commercialiser le seul convertisseur de format universel. LE VC-30HD inclut la conversion HDMI vers DV mais celui-ci est à un prix trop élevé pour l’usage auquel on le destine. De plus les cassette DV grand format (longue durée) sont introuvables et l’enregistrement sur DVD+RW à la volée implique des risques de pertes avec des supports corrompus rendant la totalité de l’enregistrement inexploitable (vécu). Reste donc l’enregistrement direct sur un ordinateur portable. Roland propose sa propre solution avec l’enregistrement au format M-JPEG depuis ses mélangeurs qui simulent un périphérique USB à brancher sur l’ordinateur sans avoir besoin d’un pilote additionnel (driver). Je déconseille l’usage de dongle USB genre Easy Cap. Pour en avoir essayé deux d’origines différentes, ce sont de vraies daubes. Non pas sur le plan matériel mais sur le plan logiciel. Il est inadmissible de livrer ces périphériques sans qu’il soit possible de capturer simplement une vidéo en PAL 625 lignes (576/50i) avec le son en 44,1 Khz tout cela par la faute d’un driver non correctement testé et finalisé.
  • Sources extérieures : Au choix un lecteur DVD-Divx-USB universel à 30€ ou sinon le PC portable qui est encore plus universel (il prend les Powerpoint, les PDF, l’internet en live ...) avec l’incontournable VLC. Il faut bien sûr le dissocier du PC enregistreur et/ou de diffusion.
  • Circuit intercom : soit vous utilisez un vieil ampli karaoké (30 € en neuf) muni de résistances de 220 ohms montés en série sur la sortie HP, soit vous vous construisez un module amplificateur (voir notre article à ce sujet), soit vous achetez un kit du genre SK11 (11,05€ chez Selectronic). Il suffit de distribuer l’audio sur de simples cordons une paire (2 fils). Le blindage n’est pas nécessaire. Chaque cadreur est muni d’un casque fermé (profitez-en, la mode des gros casques 70’s est revenue) qui permet de recevoir les ordres de la régie. Sachez qu’il est possible d’utiliser ces câbles en voie de retour cadreurs vers régie pour peu que la sortie audio de chaque ampli "attaquant" sur le réseau d’intercom soit muni d’une résistance de protection de 20 à 100 d’ohms.
  • Enfin par commodité, vous ajouterez le long des câbles vidéo (souvent en PAL analogique) et des câbles intercom, l’alimentation électrique en 220-230V des caméras. Pas besoin de fortes sections. Le 0,5mm² est introuvable désormais (merci le lobby des marchands de cuivre), utilisez du 0,75mm² en méplat qui reste le moins cher au mètre et d’une résistance mécanique suffisante. En 20 ans, d’utilisation aucun câble électrique ne m’a posé de problème pour peu qu’on câble avec soin.

Fort de tous ces conseils, vous voilà près à affrontez les joies des événementiels en multicaméras. À l’issue de moments toujours très intenses en concentration pendant la captation, vous aurez le plaisir d’avoir pu réaliser un vidéogramme à la touche très professionnelle en un temps record.

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