Sony et le DV

À l’heure où j’écris ces lignes, le format DV est mort depuis une dizaine d’année. C’était un projet d’article que j’avais en tête depuis presque 20 ans et que je me décide enfin d’écrire.
En 1997, quand le DV a été lancé, il n’était pas question de haute définition mais juste de passage au digital. La fin des années 1980 avait vu l’émergence de la vidéo personnelle et les années 1990 les avaient confirmés. Les standards analogiques commençaient à plafonner.
Certes, il y a eu le passage aux capteurs CCD en lieu et place des capteurs à tube cathodiques, le remplacement du SECAM par le PAL et de l’Y-C, SECAM qui n’a jamais réussi à démontrer sa réelle supériorité et enfin l’arrivée d’audio stéréo FM au lieu et place du linéaire à bande passante très limitée. Le digital commençait à se démocratiser avec les TBC avec notamment la console de mélange Panasonic WJAVE5 mais la chaine n’était pas du 100% digital comme c’était le cas dans le domaine professionnel avec le Digital Betacam de chez Sony et le montage virtuel avec la solution Avid.
Au même moment, que les premières stations de montage virtuel étaient accessibles aux amateurs éclairés avec notamment les cartes Miro DC 10/20/30 et Fast AV Master, Sony et d’autres constructeurs lançaient le DV comme Digital Video.
Ce standard était prometteur, un petite cassette d’une heure contenant à la 2 ou 4 pistes audio digitales et surtout et pour la première fois la vidéo en digital. Autant la transition FM audio vers l’audio digital 16 bits 48 kHz ne donnait pas un gain flagrant de qualité, la compression vidéo en MJPEG 8 bits 720x576 donnait des résultats nettement supérieurs à l’analogique Hi8-SVHS plafonnant à 400 points par ligne (330 en réel) et son rapport signal/bruit assez misérable de 40 dB. Le DV permettait le report direct des enregistrements digitaux vers une station de montage via le port IEEE 1394 appelée aussi Firewire.
Premier inconvénient : le montage réalisé ne pouvait pas être nativement reversé vers le camescope pour archivage. L’option "DV in" était désactivé pour des sombres droits de douane. Il existait des solutions de contournement vendues sous le manteau à un tarif assez élevé. Notons que quelques camescopes comme le concurrent le JVC GR-DV2000 disposait nativement de le fonction DV in et analog in.
Sony a lancé rapidement des produits haut de gamme (tri CCD) mais horriblement chers à des tarifs allant jusqu’à 4 à 5 fois un camescope Hi-8.
Par la suite, pour convaincre les possesseurs de Hi8 de passer au digital, Sony a lancé le D8 c’est à dire le standard d’enregistrement du DV porté sur une cassette Hi8. Produit qui a connu peu de succès laissant les possesseurs de camescopes D8 et Hi-8 sur le bord du chemin quand leur camescopes cessaient de fonctionner et étaient non réparables et ni remplaçables.
La dernière étape fût l’avènement de la HD. Sony a lancé le HDV c’est à dire de la HD mais sans le Full HD sur les mêmes cassette que le DV. La compression était en MPEG2 avec une définition horizontale tronquée à 1440 au lieu des 1920 du full HD. Les capteurs étaient passés en CMOS beaucoup plus pointus que les CCD que ce soit en terme de finesse et de définition que pour la dynamique (amplitude du noir total au blanc absolu). Le HDV ne fut qu’un standard de transition puisque les cartes mémoires de type SD ont définitivement remplacé les systèmes mécaniques comme le DV, le disque dur et le mini DVD-R.
Au final le DV n’a vécu qu’une petite quinzaine d’années comme le 8mm-Hi8 et contrairement au VHS-SVHS qui a tenu 25 ans et la cassette audio compacte qui a tenu presque 40 ans. Le souci dans tout ça, reste la conservation des enregistrements. Conscient de la fragilité des standards et de leur pérennités, il faut avoir une sacré clairvoyance et beaucoup de temps pour reporter les enregistrements anciens vers des supports plus récents (CD-DVD-Disques Durs et cartes mémoire) et espérons-le un peu plus pérenne ...